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Syndicalisme & transformations sociales // Débat

  • Espace Noir 29 Rue Francillon Saint-Imier, BE, 2610 Suisse (carte)

Débat avec Edy Zihlmann d’UNIA et Jean-Nicolas Rosset de SUD- Vaud et projection du film « Histoire du mouvement ouvrier suisse — 1. Les Débuts (1800~1870) »

Depuis la première Association Internationale des Travailleurs (AIT), les syndicats ouvriers, qu'ils soient révolutionnaires ou réformistes, ne cachaient pas leur intention de transformer la société vers un monde plus égalitaire où la démocratie ne s’arrêterait pas à la porte des entreprises. Si cette ambition visionnaire n’est plus aussi officiellement revendiquée, elle n’a pourtant pas disparu des espoirs de nombreux militants syndicalistes.

Parmi les militants anarchistes et autres révolutionnaires, un certain nombre s’investissent syndicalement dans le monde, mais aussi en Suisse. Faut-il adhérer dans les grands syndicats réformistes en espérant qu’ils retrouvent les espoirs d’une société nouvelle ? Ou s’attaquer à l’immense travail de créer une nouvelle structure syndicaliste révolutionnaire ?

  

Il existe sur le globe une quantité non négligeable de syndicats révolutionnaires ou anarcho-syndicalistes comptant un nombre significatif de membres tel que la CNT (environ 40’000) et la CGT (80’000) en Espagne, les IWW (9’000) aux Etats-Unis pour ne citer que les plus importants. On trouve également des syndicats de base tel que Solidaire (110’000) en France ou Unicobas (5’000) en Italie.

Dans le passé de la confédération helvétique, outre la légendaire Fédération jurassienne de l’AIT dissoute en 1880, l’esprit libertaire souffla à nouveau à plusieurs reprises dans les mouvements syndicaux. La Fédération des Unions Ouvrières de Suisse Romande comptant plus de 7000 adhérent.e.s se crée en 1889, elle concurrencera l’USS jusqu’en 1915. Proche de la CGT française (qui, à l’époque, se revendiquait du syndicalisme révolutionnaire) et des bourses du travail, la FUOSR accueillit des militants de la Fédérations Jurassienne tel que Alcide Dubois et Auguste Spichiger et nombre de militants anarchistes à l’instar de Luigi Bertoni éditeur du «Réveil Anarchiste» qui soutiendra la secrétaire syndicale «trop» combative Margaret Faas-Hardegger dans son conflit avec ses instances dirigeantes de l’USS.

La FUOSR soutien de nombreuses grèves ou elle y pratique l’action direct et le boycotte comme à Yverdon dans la grève des cigarières des fabriques Vautier, qui débouchera par la création d’une coopérative pour que les militantes licenciées puissent conserver leur emploi : S’il faut fumer, fumer solidaire, fumer « La Syndicale ».

La FUSOR ne s’implique pas uniquement dans les questions relatives au travail, mais s’est également investi sur des questions plus sociétales, comme le droit à la contraception, le féminisme et l’éducation par la création d’une école à Lausanne pratiquant la pédagogie libertaire inspirée par Francisco Ferrer.

La FUOSR édite un journal, « La Voix du Peuple » où il relate les luttes ouvrières et développe les théories du syndicalisme révolutionnaire, du féminisme et du socialisme libertaire. Cependant, elle ne survivra pas à la première guerre mondiale, qui voit ses effectifs déclinés à cause de la mobilisation.

C’est à Genève que les pratiques anarchistes feront leur réapparition au sein du syndicat FOBB, pourtant membre de l’USS. Les militants de la Ligue d’Action du Bâtiment (LAB / 1928 -1940) tel que Lucien Tronchet et André Bösiger, pratiqueront aussi l’action direct en attaquant les chantiers qui ne respecte pas les conventions collectives, en empêchant l’expulsion des locataires ne pouvant plus payer leur loyer ou en commençant la démolition des taudis vides pour protester contre la politique de la ville qui y logeait souvent les personnes sans domicile au lieu de les rénover ou de construire des immeubles salubres. A l’initiative des anarcho-syndicalistes, la FOBB de Genève a créé plusieurs coopératives dans les métiers du bâtiment pour les militants limogés et sur la liste noir des patrons.

Comme on le voit, dans son histoire, les libertaires employèrent différentes stratégies, soit au sein de syndicats réformistes ou par la création de syndicats révolutionnaires. Nous devrions nous inspirer de leur exemple pour réinvestir ce terrain de lutte.                                                                                 

Michel Némitz

 

Le film : Histoire du mouvement ouvrier suisse — 1. Les Débuts (1800~1870)

Première partie d'une série sur le mouvement ouvrier en Suisse, ce documentaire aborde les prémices de ce mouvement alors qu'il commence à se fédérer au sein d'organisations comme la Société du Grütli en Suisse et l'Association Internationale des Travailleurs (Première Internationale) en lien avec d'autres pays, ce qui amène aussi les premières divisions, avec la scission entre marxistes en anarchistes, qui eux fondèrent l'internationale libertaire, qui eut une certaine présence en Suisse. Passant du "luddisme" et du rejet des machines au syndicalisme plus organisé, la période 1800-1870 est aussi cruciale sur le plan politique, le mouvement ouvrier cherchant à être représenté, on voit une tendance "socialisante" chez certains radicaux qui cherchent à améliorer le sort de la classe ouvrière, les demandes pour la régulation du temps de travail se diffusent de plus en plus largement, et on commence à sentir le besoin d'un parti ouvrier, socialiste, unifié, qui pourrait prendre le relais des Radicaux, qui avaient eux même remplacé les Libéraux, pour inaugurer une nouvelle ère politique. Dans les décennies suivantes, cela s'incarnerait dans l'unification du mouvement ouvrier tant sur le plan politique que syndical.

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(image arcinfo)

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